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Communiqués - En 2006 -

Pour des politiques nationales volontaristes de prévention et de répression des violences faites aux femmes ! - 12/04/06

Durant l’été 2002, un différend a opposé Jamal Derrar au petit ami de Sohane Benziane. Jamal Derrar a le dessous. Il s’estime humilié et décide de se venger sur Sohane, de lui interdire « la cité Balzac », ce qu’elle refuse. Devant cette « insoumission », il l’aurait frappée plusieurs fois avant de la brûler vive le 4 octobre 2002.

Vendredi dernier, le 7 avril 2006, la Cour d’Assises de Créteil a condamné Jamal Derrar à 25 ans de réclusion criminelle pour actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ce verdict constitue un refus clair de la banalisation des violences sexistes.

Cependant, les propos tenus par certaines jeunes femmes et certains jeunes hommes pendant le procès doivent nous inquiéter profondément sur l’état de notre société et de son regard sur les femmes et le respect de leur intégrité.

A un journaliste l’interrogeant sur les relations entre les filles et le garçons, une jeune fille répond : « Avec les garçons ? Ca se passe bien. Quand un d’entre eux t’appelle, tu fais un sourire et surtout, tu ne provoques pas. Et quand on t’insulte, tu passes tout droit, et tu ne réponds pas. C’est des choses à apprendre. C’est la vie quotidienne de la cité. »

Elle conclut par : « Si tout le monde reste à sa place, il n’y aura pas d’embrouilles. Et les filles qui ont des problèmes, c’est qu’elles ont cherché les histoires avec les mecs. »

Une autre jeune femme, témoin au procès, dira : « les claques, c’est pas grave ».

A la même question sur les relations filles/garçons, un jeune homme déclare : « Avec les filles ? Ca se passe bien tant qu’on les baise. »

Ces propos montrent comment la violence à l’égard des jeunes filles et des femmes est « banalisée » et acceptée par toute une partie de notre société. Ils laissent penser que la violence et la domination feraient partie des caractères des garçons ; l’acceptation de cette violence et la soumission des caractères des filles…

Quand les processus de domination et d’oppression en viennent à être à ce point justifiés par la prétendue nature de l’homme et de la femme, il devient plus qu’urgent d’agir en profondeur contre ces constructions sociales mortifères.

L’association ECVF appelle les élu-es à se mobiliser et à agir afin qu’une politique d’éducation à l’anti-sexisme, au respect et à l’égalité entre les filles et les garçons, et ce dès le plus jeune âge, soit mise en place au sein de l’Education nationale.

Cette exigence d’éducation et de prévention des violences doit aller de pair avec une réelle répression des violences commises à l’encontre des femmes. Car, si la France possède nombre de lois pénalisant les violences faites aux femmes et prévoyant la répression des auteurs de ces violences, ces lois ne sont que bien peu appliquées.

Or, une loi non appliquée envoie un message fort à destination des auteurs de violences : la société et la justice tolèrent vos actes ; elle a une conséquence : la perpétuation et le renforcement des violences à l’encontre des femmes. Une politique répressive juste est tout autant nécessaire au changement des mentalités qu’une politique éducative et préventive.

L’ECVF réclame non seulement des moyens d’accompagnement individuel des femmes victimes de violences, mais aussi des dispositifs nationaux permettant de traiter de manière collective ce fléau pour parvenir à son élimination.

EVCF - le 12 avril 2006