Accueil

  Qui sommes-nous ?
  Lettres d’information
  Campagnes
  Communiqués
  Formation
  Publications
  Agenda public
  Dans la presse
  Prises de position
  Politiques publiques
  Documentation
  Actualités
  Élections

Politiques publiques - Au niveau municipal -

Bobigny : une délégation aux droits des femmes à la Mairie

Bobigny est une ville de 44 200 habitant/es, dont 52 % de femmes et 30 % de jeunes de moins de 18 ans.

Bien que n’étant pas très grande, Bobigny est néanmoins une ville préfecture, au cœur du département, où siègent toutes les grandes institutions, les grandes administrations, notamment le Tribunal de Grande Instance de Bobigny, le Conseil Général, la Préfecture.

La délégation aux droits des femmes a été créée en 2001 par Bernard Birsinger, un homme et un maire féministe.

Le soutien de l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes aux villes de la Seine-Saint-Denis

La délégation aux droits des femmes de la ville de Bobigny agit à échelle locale, en partenariat avec l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes.

Lors de la création de l’Observatoire des violences faites aux femmes, la ville de Bobigny s’en est immédiatement rapprochée. En effet, du fait de la proximité géographique - l’Hôtel de Ville n’est pas loin du Conseil Général où siège l’Observatoire -, et de la personnalité d’Ernestine Ronai, des liens privilégiés se sont noués et la délégation s’est évidemment emparée de tous les dispositifs et outils mis en place par l’Observatoire.

Ainsi, l’Observatoire organise chaque année des rencontres autour du 8 mars – journée internationale de lutte pour les droits des femmes -, qui se tiennent à Bobigny, et auxquelles tou/tes les professionnel/les, institutionnel/les, partenaires, actrices et acteurs sociaux, associations du département sont invité/es.

Ces rencontres sont très importantes. Elles permettent de poser des questions de base, mais toujours d’actualité : comment réagir face aux situations de violence ? Comment se projeter personnellement face aux situations rencontrées ? Comment trouver les mots aux maux ?

Ces questions se posent toujours et à chaque instant, même aux personnes expérimentées sur la question des violences faites aux femmes. En effet, chaque situation est un cas de femme un cas individuel, un cas d’espèce comme on dit en droit. Il ne peut y avoir de réponse unique et uniforme face à la complexité des violences faites aux femmes.

Par ailleurs, l’Observatoire soutient aussi les élu/es en favorisant la sensibilisation des professionnel/les, et en donnant les moyens de sensibiliser la population. En effet, les actes des rencontres annuelles organisées par l’Observatoire qui rassemblent des informations, des témoignages, des lieux ressource…, comme les outils de sensibilisation, nous sont très précieux.

L’implication concrète de Bobigny

- Dans les campagnes de sensibilisation grand public

Dès la 1ère campagne d’affichage contre les violences faites aux femmes, en septembre 2004, la ville de Bobigny a été une ville partenaire : des affiches ont été collées dans la ville, et des rencontres/débats ont été organisées autour de cette campagne. Les affiches ont aussi été exposées à la fête de la ville, et les cartes postales - supports de ces affiches - ont été distribuées massivement auprès de la population, et à toutes les manifestations publiques.

Lors de cette campagne, un micro trottoir a été organisé sur le parvis de l’hôtel de ville. Les passant/es ont été invité/es à commenter les affiches. Ce micro-trottoir a été filmé, et un DVD d’une vingtaine de minutes en sera fait. Il sera utilisé comme outil pour les scolaires, les rencontres/débats, etc.

Enfin, en 2006, lors des dernières assises de la ville de Bobigny, la délégation aux droits des femmes a aussi pu évoquer le problème des violences par le biais de la campagne d’affichage.

Ces campagnes d’affiches sont donc extrêmement importantes. Elles facilitent la parole. Elles ont aussi permis de rapprocher la délégation des associations, notamment celles du contrat de ville, des associations de femmes et/ou qui s’adressent principalement aux femmes, comme l’association des Femmes relais, ou l’association Femmes Solidaires, et des associations ayant une forte audience auprès des jeunes comme le « Club prévention vie et cité ».

Ces affiches sont un élément fédérateur qui permet d’aborder la question des violences faites aux femmes avec les associations et professionnel/les de la ville, dans le but évidemment de sensibiliser et informer la population.

- Dans la sensibilisation des professionnel/les

L’Observatoire développe le théâtre-forum comme outil de sensibilisation des professionnel/les, et la ville de Bobigny en est vraiment partie prenante. En effet, le personnel de la Ville participe massivement à ces rencontres qui favorisent des liens transversaux entre l’élue chargée des droits des femmes, les services de la ville et les associations, notamment les associations de femmes.

- Dans la campagne contre les mariages forcés

La ville de Bobigny a été particulièrement impliquée dans la réalisation du DVD sur les mariages forcés. En effet, la pièce de théâtre a été montée par les élèves de seconde du lycée Sabatier, un lycée professionnel de Bobigny, et elle a été jouée – entre 2001 et 2003 - dans une douzaine de classes de 4 collèges de Bobigny. Ce DVD permet d’organiser des rencontres et des débats. C’est donc un outil également important.

Par ailleurs, durant les rencontres « Femmes du monde en Seine-Saint-Denis », rencontres internationales de théâtre-forum, organisées par l’Observatoire, la délégation a organisé une rencontre de théâtre-forum autour de la thématique des mariages forcés à la mairie de Bobigny, dans le salon d’honneur, à côté de la salle des mariages, avec une visite de cette salle symbolique qui est aussi une oeuvre d’artiste très acidulée offerte par l’artiste Hervé Di Rosa. Pour cette rencontre, la délégation a principalement ciblés les scolaires et deux associations de femmes : « Femmes solidaires » et « Femmes relais ».

Les dynamiques crées par l’Observatoire à Bobigny

L’Observatoire donne une impulsion qui s’imprime dans la politique de la ville. Ainsi, au sein de la mairie, un groupe de travail a été créé sur la problématique des violences faites aux femmes, co-piloté par la délégation aux droits des femmes et la directrice des services sociaux. Ce groupe de travail est composé de l’Observatoire, de la police, de la justice, et des actrices et acteurs de notre ville, et vise à élaborer un réseau permettant de parler des violences, et d’agir de manière transversale face aux situations de violence.

Par ailleurs, outre la réalisation d’un dépliant de 2 pages avec les lieux ressources de la ville à destination de la population, la délégation travaille aussi à l’élaboration d’une grille de lecture, une sorte de questionnaire, pour faciliter l’identification des situations de violences, ce qui n’est pas toujours simple. En effet, les services sociaux surtout sollicité par des femmes, doivent savoir déceler, derrière des demandes alimentaires ou autres, des situations extrêmement douloureuses, ou des situations de souffrance due à des violences.

Un exemple de l’impact de l’Observatoire sur les professionnel/les

La première campagne d’affichage de l’Observatoire est à l’origine de la création d’une permanence téléphonique tenue par les avocats et les avocates du barreau en direction des femmes durant la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Cette permanence téléphonique a été très couverte médiatiquement pendant les 10 jours précédant le 25 novembre.

Cette expérience du 25 novembre 2004 a suscité une implication du barreau dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Dès janvier 2005, un groupe d’avocats et d’avocates s’est ainsi constitué pour travailler sur cette question, pour sensibiliser, et pour intervenir et répondre avec déontologie et efficacité aux situations difficiles. Ce groupe comprend aujourd’hui 45 avocates et avocats, pour un barreau qui en compte environ 370. Un nombre non négligeable d’avocates s’est donc mobilisé.

Par la suite, a été créée une permanence téléphonique hebdomadaire en direction des femmes, tous les vendredis, tenue par un/e avocat/e du groupe. Ce numéro unique de l’ordre des avocat/es commence à être connu, et les appels sont de plus en plus nombreux.

La réponse judiciaire est extrêmement importante. Car il ne suffit pas de dire à une femme qu’elle doit quitter son conjoint, qu’elle doit s’en sortir, qu’elle doit prendre une décision, qu’elle ne peut pas rester dans une situation de violences. Il faut aussi qu’il y ait des relais pour que le parcours judiciaire ne soit pas un parcours d’obstacles, qu’il ait une vraie cohérence pour les personnes concernées.

Comme la population de Seine-Saint-Denis est une population très défavorisée sur le plan économique, la plupart des situations de femmes que nous prenons en charge sont des situations traitées au titre de l’aide juridictionnelle. Vu la nécessité vitale d’agir rapidement face à des situations de violence, sans attendre la réponse à la demande d’aide juridictionnelle, ce groupe d’avocat/es a signé une charte avec l’ordre des avocat/es et accepte de s’engager immédiatement dans les procédures nécessaires, qu’elles soient sur le plan des affaires familiales ou sur le plan pénal, sans rémunération.

Au niveau du barreau de la Seine-Saint-Denis, il y a donc eu ce lien direct avec l’Observatoire. Et la deuxième campagne d’affiches axée sur l’impact des violences faites aux femmes sur les enfants fait aussi beaucoup parler parmi les professionnel/les.

Propos d’Anne Jonquet recueillis en novembre 2006