L’homicide volontaire n’est ni un acte d’amour ni une histoire privée-21/06/2010
Vendredi 4 juin, Elodie Foucher a été tuée de plusieurs coups de couteau par son compagnon sur son lieu de travail, à Saint-Denis-du-Maine, près de Laval (53). Le maire de la commune, dans une interview publié par Ouest France le 7 juin, décrit le crime comme « un drame d’ordre personnel ». Selon l’AFP, Elodie Foucher avait déposé plainte pour menaces de mort, une semaine auparavant.
D’après une autre source AFP (7 juin 2010) pas moins de sept femmes ont été assassinées par leurs maris, compagnons ou ex-compagnons et ce pour les seuls Pays de la Loire et Bretagne ces trois dernières semaines.
Parmi elles : le 16 Mai, Cosette Petit, 21 ans, est morte à Jugnon-les-Lacs (22), après avoir reçu trois coups de couteau portés à sa gorge par son compagnon. Le procureur de la république de Saint-Brieuc, Gérard Zaug, a qualifié ce crime « de drame passionnel ».
Le lendemain 17 Mai : Ginette Hillion a été retrouvée morte à Quintin (22). Son mari est accusé d’avoir tiré sur elle à bout portant avec une arme à feu alors qu’elle dormait. Là encore, le procureur de la république, Gérard Zaug a déclaré le crime comme « drame passionnel »
En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. L’association ECVF souhaite rendre hommage à ces femmes en dénonçant les abus de langage utilisés concernant leur assassinat. En effet, ces propos relèvent d’une banalisation de la violence inacceptable et très inquiétante, d’autant plus de la part d’un Procureur de la République.
D’une part, le crime lui-même est occulté dans l’expression de « drame passionnel ». La formule tend de plus, à ne plus distinguer la victime du mis en cause pour homicide et à déresponsabiliser ce dernier.
La violence n’est pas une fatalité et n’a rien à voir avec l’amour. La violence ne relève pas d’histoires personnelles et interpersonnelles : Elodie Foucher avait alerté les autorités par sa plainte et aurait dû pouvoir bénéficier d’une protection judiciaire.
Ces minimisations systématiques relèguent encore et toujours les violences faites aux femmes dans la sphère privée et les ramènent au niveau d’une simple dispute.
L’homicide volontaire n’est ni un acte d’amour ni une histoire privée, c’est un acte de violence ultime, paroxysme d’un système de domination fondé sur une conception inégalitaire des relations entre les sexes.
Le crime dit « passionnel » est un concept sexiste permettant de légitimer l’idée d’appropriation des femmes, héritage du droit de vie et de mort sur l’autre. Face à ces actes barbares, nous, association d’Elu/es contre les violences faites aux femmes, réaffirmons l’importance d’apporter des réponses éducative et politiques à ce fléau national.
Tandis que le texte renforçant la protection des victimes, la prévention et la répression des violences faites aux femmes est sur le point d’être débattu au sénat (22 et 23 juin prochain), il est plus que temps de cesser d’escamoter la réalité de ces crimes et d’allouer les moyens nécessaire pour faire appliquer cette loi.
