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Lanton : un débat sur les violences conjugales

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Créé il y a tout juste un an, l’association Solidarité femmes Bassin vient en aide aux victimes de violences conjugales. Membre du réseau national Solidarité femmes, elle organise, jeudi soir, une soirée débat autour de la projection d’un documentaire. Le point sur ce rendez-vous et les actions de l’association avec sa présidente, Josèphe Mercier (qui fut présidente, dans les années 80, de la Fédération nationale solidarité femmes, FNSF) et deux intervenantes, Françoise Certano et Danielle Guillemoto.

« Sud Ouest ». Comment fonctionnez-vous ?

Josèphe Mercier. Nous avons une équipe composée de huit intervenantes bénévoles et d’une psychologue clinicienne. Nous assurons une permanence téléphonique (1). Lorsque nous recevons un appel, nous donnons un rendez-vous, de préférence dans nos lieux de permanence, et idéalement en présence de deux intervenantes (2). Nous avons commencé sur le Nord Bassin mais nous recevons des femmes d’Arcachon, de La Teste, de Gujan-Mestras, de Mios… Depuis le début, nous avons aidé une trentaine de femmes sur le Bassin.

Quelle est la teneur des appels ?

Françoise Certano. « Je suis dans telle situation, que pouvez-vous faire pour m’aider ? » Pour certaines femmes, le simple fait d’être écoutées est un soulagement immense.

Danielle Guillemoto. Beaucoup ne savent pas ce qu’elles veulent ou peuvent faire. Il faut avant tout voir à quel niveau de conscience elles sont de leur situation. Au final, c’est à elles seules de décider… J’ai vécu en direct la prise de conscience d’une femme qui s’est rendu compte que ce qu’elle vivait était passible de prison.

À quels mécanismes êtes-vous confrontés ?

D. G. Les femmes sont soumises à des violences physiques et psychologiques. Je vois beaucoup de femmes jeunes, enfermées dans des mécanismes de réussite. Elles veulent réussir leur couple à n’importe quel prix.

J. M. Elles sont prises dans un engrenage, dans une société où la place de la famille a été sublimée. Or, la famille idéale n’existe pas.

F. C. « Il a tissé une toile autour de moi. » Voilà ce qu’elles disent. Le compagnon violent les éloigne de leur famille, de leurs amis.

Vous insistez sur la nécessité de briser le silence. Le sujet reste-t-il tabou ?

J. M. Oui. Or les violences conjugales touchent tous les milieux et jeudi, notre message, essentiellement à l’attention des élus, est le suivant : vous êtes tous concernés, tous responsables.

De quelle manière les élus peuvent-ils faire avancer les choses ?

J. M. Yvette Roudy a fait un travail formidable. Najat Vallaud-Belkacem aussi (3). Il existe des lois… qu’il faut pouvoir appliquer.

F. C. C’est le cas de l’éviction du conjoint violent prévue dans le Code civil. Dans les faits, c’est la femme battue qui quitte le domicile.

D. G. Le problème, c’est que ces situations sont régies par le Code civil et le Code pénal. Le mari violent est aussi le père des enfants. Ce qui pose la question de la place de ces enfants. La semaine passée, cinq enfants sont morts sous les coups de leurs parents (4).

Quelles sont les statistiques existantes concernant les violences conjugales ?

J. M. La première enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff) date de 2000 (seulement). Elle a révélé qu’une femme sur 10 est victime de violences conjugales. Une femme décède tous les deux jours et demi sous les coups de son compagnon. C’est la première cause de mortalité des femmes entre 16 et 44 ans.

Où en est votre projet de mise à l’abri ?

J. M. Il avait bien avancé avec Gironde Habitat, le Conseil général et une commune prête à l’accueillir. Là, il est à l’arrêt en raison des échéances municipales. Nous reprendrons le flambeau après. Mais ce qu’il faut surtout, c’est que les communes mettent à disposition des logements sociaux.

F. C. Nous en sommes parfois réduites à faire le tour des campings et des chambres d’hôtel.

Pourquoi n’êtes-vous que des femmes à œuvrer ?

F. C. Dans ces situations-là, les femmes victimes de violences faites par un homme ne peuvent être aidées par un autre homme.

J. M. Mais travailler entre femmes ne signifie pas que nous sommes contre les hommes ! Yves Raibaud, qui interviendra jeudi soir, l’explique : la violence ne vient pas de la testostérone mais de l’éducation. Il y a des « fabriques » de violence. Et souvent, l’homme violent chez lui offre un tout autre visage de respectabilité à l’extérieur.

(1) Du lundi au vendredi, de 9 à 18 heures : tél. 06 89 61 49 10. Possibilité aussi de joindre le numéro national : 3919. (2) Permanences à Andernos-les-Bains, le troisième lundi de chaque mois à l’association Espoir. À Arès, le deuxième lundi de chaque mois, de 14 à 16 heures à l’antenne médico-sociale, rue Paul-Wallerstein. À Audenge, le premier mardi de chaque mois, de 10 à 12 heures à la Maison des solidarités, CCAS. À Lanton, le troisième mercredi de chaque mois, de 10 à 12 heures, au CCAS. À Lège-Cap-Ferret, le quatrième jeudi de chaque mois, de 10 à 12 heures au CCAS et à La Teste-de-Buch, sur rendez-vous au 06 89 61 49 10. (3) Yvette Roudy fut ministre des Droits de la femme entre 1981 et 1986. L’actuelle ministre, Najat Vallaud-Belkacem a annoncé son plan de lutte contre les violences faites aux femmes : doublement du budget, création de 1 650 nouvelles places d’hébergement d’urgence d’ici 2017 et renforcement des services du 3919. (4) Deux enfants meurent chaque jour sous les coups de leurs parents.